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Quelques notes sur le « haut-alsacien » d' Émile Storck 
par Jean-Paul Sorg

     Les poètes accomplissent de bien des façons la langue qu'ils utilisent et servent. Ils en exploitent des ressources cachées, en tirent des virtualités et leur donnent une forme cohérente, une existence qui tient. Accomplir : vollenden, vervollkomnen. Idée de plénitude.
    Une langue (un dialecte) atteint des états de plénitude dans les œuvres de ses écrivains, dont les traducteurs. Ainsi naît, de leur travail, de leurs recherches, de leurs inventions, une langue littéraire (Schriftsprache) qui peut être qualifiée de « haute », parce qu'elle apparaît comme au-dessus des parlers locaux, régionaux, naturellement divers et disparates.
      Pour ce qui est de l'alsacien, l'œuvre poétique d'Émile Storck nous offre de ce processus, qu'il n'est pas facile de comprendre, des exemples éloquents ; nous proposons d'en examiner quelques-uns, un peu au hasard des lectures, sans méthode. Juste quelques notes.
       Mots composés. C'est une des puissances originales de la langue germanique (donc aussi de l'alsacien, si l'on veut !) : la possibilité de composer par association de deux ou trois mots un mot nouveau qui a une unité de sens immédiate.
      Exemple : Schümrànderzunge. Le français, asservi aux prépositions, détache, analyse. Comme disait ma tante Aline, in Pàriss màche si àlles eins no-m-àndre. La traduction littérale donne : « langues des bordures d'écume ». Ce nest pas heureux, ça fait lourd et on ne voit rien.
      Émile Storck décrit la chute d'une cascade. Am Wasserfall 1. Avec sa précision habituelle, dune seule phrase en l'occurrence, qui se répand sur 16 vers, chevauche 4 strophes. Une belle prouesse grammaticale ! L'eau en tombant de haut fait jaillir dans le bassin des jets d'écume. Sur les bords (Rander), l'écume (Schüm) se fige et festonne, on dirait des langues (Zunge).

Le sujet de la strophe ci-dessous est l'eau, s Wàsser.

Wie 's glasig iwer glatti Felse glitscht,
Schümrànderzunge macht un Glitzerschleier,
Un nochhàr sich verteilt un witerscht witscht
Un Stràhne ziegt wie d'Saite vunre Leier.

        Les allitérations du 1er vers, sur glasig, glatti et glitscht. Du grand art, qui paraît spontané. Il met en relief les qualités expressives, mimétiques, de la langue. Gl, c'est bien ce mouvement de glisse, qu'a lair de reproduire expressément l'organe de la langue (die Zunge) !
      Fin du 2e vers : Glitzerschleier ? Des voiles ou toiles (comme toiles d'araignée) qui étincellent ou des étincelles, des éclats de soleil, qui tremblent, dansent, s'étendent ? Phénomènes de miroitement au-dessus de l'eau qui bouillonne.
     L'image finale, littéralement « lyrique » ! « Des traînées comme les cordes d'une lyre » À la surface de l'eau qui court, sur toute la largeur de la rivière, une succession de petites vagues, que pincent les rayons du soleil ?

    Autre exemple : Liechttropferolle. Quel substantif ! Sans doute unique dans la langue, une pure, occasionnelle, invention du poète alsacien Émile Storck Proprement, un hapax !

Weicher zwiselt der Wind im Wald
Bletter vu Eiche, rumpflig un alt,
Brüschle im Liechttropferolle. 2

        Là encore une allitération remarquable dans le 1er vers : 4 w On baisse d'instinct la voix, pour le dire, et c'est conforme à ce qu'on dit : doux (plus doux) le murmure du vent dans la forêt... 
        Liechttropfe : gouttes de lumière. Leur mouvement rapide entre les feuilles, leur roulement ou roulis (Rolle). Vous entendez les feuilles des chênes qui, ridées et vieilles, bruissent, et vous les voyez « bruire » (brüsche, brüschle) dans le roulement des gouttes de lumière. Le poète mélange, associe de fugitifs phénomènes auditifs et visuels.

       Une composition encore avec lumière : Liechtgezitter. Tremblement, frisson. Contraste entre les longues heures sombres, où dominent les nuages, et les clairs matins d'été qui dans une lumière tremblante rayonnent du haut dun ciel bleu inondé de soleil. « Iwersunnt », comme « iwerschwemmt » (inondé, noyé).

Awer noh lange wulkige Stunde
kumme die Summermorge wider
wu so blaui üs em iwersunnte
Himmel strahle im Liechtgezitter. 3

Dans la traduction d'un poème de Verlaine, « C'est l'extase langoureuse », ce mot de six pieds, qui remplit presque un vers : « Zwitscherstimmezwisle ». Là où Verlaine mettait deux verbes d'action, gazouiller et susurrer, mais avec un sujet impersonnel, cela, l'Alsacien place un long substantif insolite, inouï même, d'apparence compliquée, mais qui exprime bien, dans sa concentration même, cette confuse rumeur qui sort des bois et dont on ne peut identifier les auteurs. On comprend le sens d'un bloc. Prononcez le mot rapidement, d'une traite, à haute voix, sans trébucher sur les consommes : Zwitscherstimmezwisle. Zwitscher : gazouillis. Zwitscherstimme : voix gazouillante. Zwisle : murmure, chuchotis

O le frêle et frais murmure !
Cela gazouille et susurre,
Cela ressemble au cri doux
Que l'herbe agitée expire

O das dinne frische Risle 
Un das Zwitscherstimmezwisle! 
Das isch wie der lislig Rüef
 Wun als stirbt im Greeserrüsche 4

Greeser : pluriel de Gras. Un discret appel se meurt (expire) dans le bruissement collectif des herbes.


           Possibilité aussi en allemand (ou en alsacien donc !) de composer un mot nouveau en associant un nom et un adjectif ou un passé composé. Exemples : tràneverlore et tràneschwàr.
       Élégie. Atmosphère dautomne. Les chênes perdent leurs feuilles, mais pas toutes, contrairement aux autres feuillus. Tràneschwàr (lourd de larmes), ils en retiennent certaines, ils ne veulent pas les laisser expirer dans la pluie et le vent. Ce nest qu'au printemps, lorsque la sève montera, qu'il les cédera. O Seigneur, fais que je devienne humble et obéissant comme une feuille de chêne, fais que je me plie sans murmures à léternel principe de la mort.

Tràneschwàr hebt der Bauim e mànks noch e Zitlang,
wills nit verspire loh im Ràge un Wind,
un im Frieihjohr erscht in der wärmere Sunnegit 
er'ane im nèie Stige vum Saft.

Mach, o Herr, dass ich demietig wur wie ne Eichblett,
still mich schick im Stàrwe si ewige Gsetz. 5

      Tràneverlore. Littéralement : perdu de, perdu dans les larmes. Le visage baigné de. Les yeux noyés. Pour traduire « pleurant sans cesse » du fameux poème de Verlaine, « Le ciel est par-dessus le toit »

- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà 
 Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, 
 De ta jeunesse ?

Was hasch gmacht, o dü wu so plangsch 
 tràneverlore,
Was hasch dü gmacht, dü wu so plangsch 
 mit dine Johre? 6

Ce « tràneverlore », 4 pieds, un vers, il a fallu l'inventer, l'oser. Une bonne trouvaille, pour rimer avec Johre Ce nest pas ainsi que les gens (das Volk) parlent. Non, cest la langue poétique. Artificielle ? Künstlich ? Qu'avez-vous contre l'art ? Die Kunst ist das Können. La poésie augmente le savoir sur la langue.

1 Dans Lieder vu Sunne un Schàtte. P. 28. Storck écrit a pour à (an, a nasalisé) et à pour a, alors que selon la Charte et aussi selon une tendance naturelle on fait le contraire. Nous respectons ici l'orthographe de l'écrivain, lorsque nous le citons. Ainsi, en se référant au vocalisme français, prononcera-t-on Schatte (et même Schatta), qui est un pluriel (ombres). Autrement, dans l'emploi des mots alsaciens, nous écrivons à prononcé « an ».
2 Première moitié de la 3e strophe de « Vorfrieihjohr im Bàrg », in Lieder vu Sunne un Schàtte, p.53.3 Première strophe de « Summermorge », in Melodie uf der Panfleet, p. 37.4 Cf. Émile Storck, Baudelaire et Verlaine en alsacien, éd. bf, 1999, pp. 60-61.5 In Lieder vu Sunne un Schàtte, p. 38.6 In Baudelaire et Verlaine en alsacien, pp. 66-67. 
3  première strophe de " Summermorge", in mélodie uf der Panfleet, p. 37
4 Cf. Emile Storck, Baudelaire et Verlaine en alsacien, éd. bf, 1999,pp. 60-61
5 In lieder vu Sunne un Sahàtte, p. 38
6 In Baudelaire et Verlaine en alsacien, pp. 66-67

           Cette aptitude des langues germaniques, donc de l’alsacien en tant que variante de l’alémanique, à former par agglutination des mots composés. Les cas les plus simples et les plus banals : l’association de deux noms. Exemples chez E. Storck : Stagelahne (rampe d’escalier) ; Märzwind (vent de mars) Faldwag (chemin de campagne), etc.
     Le français a besoin d’une préposition déterminative, « de ». mais pas toujours, dans l’usage. Strossalàmpe : réverbères. Ou on use d’un adjectif : Obstbaim : arbres fruitiers.
Plus compliquée et insolite pour un œil français : l’association de trois mots, le dernier étant un verbe substantivé. Nous avons déjà relevé un exemple remarquable dans notre précédent article (Bulletin 2009) : Liechttropferolle. Nous avions expliqué et traduit par : « roulement de gouttes de lumière ». Version exacte, littérale, mais pas très heureuse. Depuis, en revenant sur le poème (Vorfrieihjohr im Bàrg / Prémices du printemps en montagne, in Lieder vu Sunne un Schàtte, p. 53) et en tentant de le traduire, nous avons préféré « flots des bulles de lumière ».
Citons la strophe entière (la 3e du poème) :
             Plus compliquée et insolite pour un œil français : l'association de trois mots, le dernier étant un verbe substantivé. Nous avons déjà relevé un exemple remarquable dans notre précédent article (Bulletin 2009) : Liechttropferolle. Nous avions expliqué et traduit par : " roulement de gouttes de lumière ". Version exacte, littérale, mais pas très heureuse. Depuis, en revenant sur le poème (Vorfrieihjohr im Bàrg / Prémices du printemps en montagne, in Lieder vu Sunne un Schàtte, p. 53) et en tentant de le traduire, nous avons préféré " flots des bulles de lumière ". Citons la strophe entière (la 3e du poème) : 

Weicher zwiselt der Wind im Wald, 
Bletter vu Eiche, rumpflig un alt, 
brüschle im Liechttropferolle. 
Wie n'e lichte lislige Klang 
geht e Warte iwer der Hang, 
Triwe un Gschwàlle vu Bolle.

Un vent doux murmure dans la forêt ;
 les feuilles de chênes, ridées et vieilles, 
bruissent dans les flots des bulles de lumière.
Et comme l'air assourdi d'une chanson, 
une attente parcourt le flanc des coteaux : 
poussée, pubescence des bourgeons. 

     Arrêtons-nous encore sur brüschle. Diminutif de brüsche. Génial ! Bruisser ? Comme cela fait plat à côté ! Malgré cette phrase de Simenon : " Leurs pas faisaient bruisser les feuilles mortes. " Mais quel autre mot choisir en français ? Et brüsche ? Der Bach brüscht. Oder rüscht ? Nuance ! " Brüscht " : plus faible, plus doux que " rüscht " ? Que das Rauschen ? La rivière murmure (brüscht), la rivière gronde (rüscht, rauscht) ? 
     Der Bach rauscht in der Ferne : la rivière murmure au loin. Traduction du dictionnaire Grappin. Mais pour le vent, ce serait : mugir ou gronder. 
    Comme quoi : les oreilles allemandes (alémaniques) et les françaises ne sont pas parfaitement accordées. 

Un lang noch wurd im Frieihjohr in de Äscht 
der Nachtsturm brüsche, 
un 's Bàchle wurd vu uns wenn 's Liescht verlescht 
si Liedle rüsche. 
(Lieder vu Sunne un Schàtte, p. 27, Erinnerunge) 

    La onzième et dernière strophe de Erinnerunge (Souvenirs). Très beau poème aussi, peut-être intraduisible ? L'évocation d'un grand sapin que " nous " (la famille) avons planté près de la maison. Les enfants ont joué dessous et dessus. Le voilà géant. Déjà il faut penser à l'abattre un jour. Ainsi en va-t-il de nous. La hache est déjà affûtée dans les forêts des Parques (destin). Mais nous ne voulons pas être tristes - mir wàn nit trürig wàre. Car après nous d'autres arbres se dresseront vers le ciel. Mortalité des humains. Éternité du monde. Comment traduire rien que la dernière strophe ? Voici en galimatias : 

Longtemps encore, au printemps, dans les branches, 
la tempête nocturne brüschera, 
et de nous, la rivière, lorsque notre lumière sera éteinte, 
sa chanson rüschera. 

Un was rüscht noch so in der Natür ? Der Rage.
Im frieihje Gwitter sini Blitz hàn hinte 
am Bàrg im Wulkebràche üsgeglieiht.
 Wie rüscht der Ràge lislig in de Linde! 
Es schmeckt der Sidelbascht wun wider blieiht ... 
(Melodie u der Panfleet, p. 27, Maiowe) 

    Là aussi, comment voulez-vous traduire? La pluie " rüscht " - un noch lislig ? Une contradiction, non ? Un oxymore que " lislig rüsche " ! Notre poète adore ce mot " lislig " (leise). On l'a déjà rencontré plus haut/ 
Wie n'e lichte lislige Klang 

Jeu d'allitérations : 4 l. Et là 3 l : lislig in de Linde. Ça sonne bien. Ça sonne lislig ! Justement ! 

C'est une pluie forte, violente même, que celle qui " rüscht ". Elle gronde, mais lislig. Silencieusement ? Non. Doucement ? Ça ne va pas non plus. Ça ne s'entend pas. 
À la rigueur, on traduira : 
Comme la pluie bat doucement dans les tilleuls ! 
Ce n'est pas très bon, il faut l'avouer. Et désespoir sans remède, quand la pluie kraschpelt, comme dans Ragetag im Frieihjohr (Melodie uf der Panfleet, p. 20) : 

Kraschpelt der Rage 
massleidig tropfeschwàr 
iwer de Hàrze un Hàlder 

    L'entendez-vous, ce bruit sec (et terne ?) de la pluie, quand elle tombe à lourdes gouttes (tropfeschwàr)... Sur les cœurs et les coteaux ? L'association Hàrze (espace intérieur) et Hàlder (espace extérieur) nous renvoie à Verlaine, je pense. Les deux fameux vers : 

Il pleure dans mon cœur 
Comme il pleut sur la ville. 
Quelle est cette langueur
 Qui pénètre mon cœur ? 

En alsacien (l'alsacien de Émile Storck) : 

Es hilt drin in mim Hàrz 
wie's ragent iwer d'Hiser. 
Wel müdrigs Plange lààrt's 
tief ine in mi Hàrz ? 

    Voilà un exemple de vraie traduction ! Traduction inventive, recréation d'un poète. Avec cette liberté : non pas " iwer d'Stadt ", pour " sur la ville ", mais " iwer d'Hiser ". C'est mieux. C'est plus visuel - et le vers gagne en musicalité, en expressivité. Et l'œil du lecteur saisit sur la page, l'un sous l'autre, les 2 H majuscules, qui apparentent ainsi les deux mots (comme sont apparentés, par la même lettre, Hàrze et Hàlder). Ça aussi ça compte, ça produit un effet sensible (esthétique). 
     Awer der Ràge kraschpelt ? Ce n'est pas " craqueler ", ni " craqueter ". Il n'y a pas de verbe qui conviendrait en français. Je crois l'entendre, ce " kraschple " de la pluie, je crois l'avoir entendu parfois, certains matins, en effet. Mais parce que j'ai le mot. Peut-être que quelqu'un dans mon enfance (mon père ?), sans connaître le poème d'Émile Storck, a un jour fait usage devant moi de cette expression qui ainsi, dans cet emploi, fait partie de la langue commune. Heersch der Ràge, wie n'r kraschpelt in de Blätter ? Ou, à la Katz : O loos das Kraschple vum Ràge in de Gàrte... 
    Sans le mot kraschple, dans l'expression " der Ràge kraschpelt ", pas de sensation. Sans la connaissance de cette expression, vous ne serez jamais attentif, éveillé, à ce bruit singulier de la pluie, d'une sorte de pluie dans des conditions atmosphériques et " environnementales " précises. Une langue, ce n'est pas seulement un véhicule ( !), c'est un monde. L'alsacien, donc, est un monde. La disparition de l'alsacien, c'est la disparition d'un monde dans l'histoire de l'humanité
     Wittgenstein, Tractatus 5.6 : " Die Grenzen meiner Sprache bedeuten die Grenzen meiner Welt. " En français : Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. " Discussion : non pas " signifient " seulement, mais " sont " (ou font). Et plutôt que limites, frontières (Grenzen), entendre : étendue, territoire. Mon monde va aussi loin que ma langue, mes langues, la connaissance vivante de ma langue. Plus pauvre ma langue, plus pauvre le monde pour moi, plus pauvre ce que je vois et entends, ce que je sens et vis.