Wie üs d'r ewer Büawe Schüal d'Émile Storck Schüal wure ìsch : comment et pourquoi "*l'école de garçons" de la Ville-Haute est devenue l'école Émile Storck. (* Malgré la mixité filles et garçons, les plus anciens continueront à parler de "ewer Büawe Schüal".)
Guebwiller compte parmi ses établissements scolaires, l' École Émile Storck située dans la Ville-Haute à côté de l'église Saint-Léger. Durant les années 70, la municipalité a souhaité donner un nom à chaque école de la ville. Monsieur Raymond Bingert, alors directeur de cette école de la Ville-Haute imposa en douceur et avec détermination le nom du poète : « Au début de l'année 1977, la Municipalité de Guebwiller avait souhaité donner à chaque école élémentaire de la ville une dénomination spécifique rappelant le passé historique de la Cité ou honorant des personnalités qui s'étaient illustrées à titres divers et donc de supprimer les termes trop généraux de « Ville-Haute » ou « Ville-Basse ». La Mairie a donc communiqué ses propositions, aux établissements concernés. Pour mon école le choix s'était porté sur le nom de Charles Braun. Cette suggestion était fort judicieuse, l'abbé Braun ayant été le fondateur de l'école de garçons de la Ville-Haute (Obere Knabenschule). Après en avoir discuté avec mes collègues, j'ai toutefois fait une contre-proposition. Comme il existait déjà une rue de l'Abbé Braun dans le haut de la Ville, j'ai avancé le nom d' Émile Storck, poète et auteur de pièces de théâtre en dialecte alsacien. Lors de sa séance du 21 février 1977, le Conseil Municipal a retenu cette proposition qui avait été reprise par le conseiller Georges Hayme, à l'époque président du Théâtre Alsacien de Guebwiller. Lors du vote, Monsieur Joseph Storck, maire et frère d'Émile, s'était abstenu. »
Raymond Bingert a débuté sa carrière d'enseignant au lendemain de la Libération, il a enseigné « au plus haut niveau ». En effet il a été instituteur au Grand-Ballon, l'école la plus élevée d'Alsace, il a pris sa retraite en 1981 en tant que directeur de l'école qui lui doit son nom. Quelques années auparavant il a fait un sondage sur la pratique du dialecte parmi les élèves fréquentant son établissement : "En 1975, sur quatre classes de cours moyen (environ 120 élèves), 24 élèves parlaient le dialecte, 15 couramment, notez qu'à l'époque l'Ecole Ville-Haute comptait près de 50% d'élèves issus de l'immigration. Qu'en serait-il si l'on effectuait un sondage aujourd'hui, en 2004 ?"
Témoignage publié dans le bulletin n°4
Ecole élémentaire Émile Storck
Dans les années 50 Émile Storck avait son rond de serviette dans un petit restaurant du haut de la ville, chez Dorsch à proximité de l'usine Schlumberger.
Jean Jelsperger, ancien ouvrier fondeur à la N.S.C. se souvient :" Quand j'ai débuté j'emmenais mon repas de midi et je mangeais sur place, puis, mes finances le permettant, j'ai décidé d'aller manger au restaurant. La patronne m'appréciait, cela était probablement dû au fait que je me changeais, je ne venais pas en bleu de travail. Elle me plaçait à coté d'une table où déjeunaient deux messieurs, l'un Joseph Schmitt, membre du Théâtre Alsacien de Guebwiller et de quelques autres sociétés locales, l'autre Émile Storck. J'avais alors tout loisir de suivre leur conversation : le dialecte, la culture alsacienne, les artistes locaux, tel que l'illustrateur et peintre guebwillerois Joseph Kurtz 1. J'avais un petit salon littéraire à portée d'oreilles. Je me souviens quand J. S. a évoqué la première de la pièce Mathis Nithart au Théâtre de Mulhouse et que É.S. lui a confié qu'il avait pris place au fond de la salle pour ne pas être reconnu. Je me souviens aussi d'une colère de notre entomologiste, il tempêtait contre un quidam croisé en forêt, transistor en marche. Ces messieurs prenaient le menu, moi je me contentais du plat du jour. Souvent, le poète jetais un oeil sur son hors-dœuvre et, sans mot dire, sans me regarder, faisait glisser l'assiette devant moi, j'entendais dans ce silence un : "Tenez jeune homme vous en avez plus besoin que moi, ( Do junger Mànn ìhr hans notwandiger àss ìch). Parfois le duo était arrivé avant moi, et s'apprêtait à attaquer le plat principal, le professeur coupait alors sa viande en deux parts égales et toujours aussi discrètement faisait passer la demi-portion sur ma table. Autre anecdote qui me revient à l'esprit, une fois par semaine il allait chez le boucher Mattioli, il achetait deux paires de gendarmes ( zwei Paarle Làndjager), qu'il coupait en petits morceaux pour les distribuer aux cabots (d' Mobs, d' Kìschtleratti) qu'il croisait ou qui l'attendaient derrière les clôtures (hìnter da Zin 2) tel le chien de la famille Biehler, rue du Viel-Armand".
2 all. der Zaun, als. d'r Zün pl. d' Zin