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Emile Storck
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Mathis Nithart (E Kinschtler im Bürekrieg) a été publié en 1967. Ce drame historique valut à l’auteur le 1er Prix du Concours Claus Reinbolt, organisé par la Fédération des Théâtres Alsaciens. « … Sans vos encouragements, je n’aurais pas osé présenter ma pièce au concours Claus Reinbolt. Merci encore une fois. Je regrette d’avoir enlevé le prix à des écrivains peut-être aussi méritants que moi, mais cette manière d’agir était la seule capable de me faire connaître au public alsacien. Je remettrai naturellement à la Fédération des T. A. la somme d’argent attachée à ce prix. Je crois que cela doit être possible, puisqu’il s’agit de Sociétés. » (Lettre à Paul Stintzi, 12 avril 1967)
Le drame en 4 actes Mathis Nithart a été représenté et interprété par le Théâtre Alsacien de Mulhouse (TAM / ETM) en novembre 1968. L’auteur a assisté à la Première le dimanche 17 novembre.
En 1989, du 25 août au 2 septembre, la pièce a fait l’objet d’un spectacle théâtral en plein air à Magstatt-le-bas, avec l’aide la commune, l’Agence culturelle et technique d’Alsace et la Fédération départementale du Théâtre amateur du Haut-Rhin.

Jugements sur Mathis Nithart, e Kinschtler im Bürekrieg
 
… Votre Mathis est une belle pièce, qui n’est pas comme les autres du répertoire alsacien. Ce qui m’a plu, c’est précisément le talent de lier le maître d’Issenheim à la guerre des Rustauds, si difficile à mettre en scène. Vous y avez réussi. Je pense tout particulièrement à la scène qui se passe à Schönensteinbach, cette abbaye qui fut en effet incendiée par les Rustauds et où, enfin, une plaque commémorative rappellera à tous que ce sol est sacré. Oui, votre pièce réaliste et malgré cela mystique est une pleine réussite et littéraire et historique. »
 
Professeur Paul Stintzi,
Mulhouse, le 10 avril 1967
 
… Um es kurz zu sagen, Ihr Werk hat mich von Anfang bis Ende in seinen Bann gezogen, und ich glaube, dass ihm eine starke Theaterwirkung innewohnt. Das große Problem einer zeitgerechten und doch nicht archaisierenden Sprache ist bei Ihnen in der Vollendung gelöst. Ihre knappe Diktion, Ihre Kunst, den Wirrwarr des Geschehens in charaktervollen Gestalten und prägnanten dramatischen Szenen aufzulichten, die Verstrickung Ihres Helden in den Bauernkrieg ebenso glaubhaft zu machen wie seinen Reifeweg zur höchsten Kunst, dies alles ist unmittelbar beeindruckend. Lassen Sie mich noch die kraftvolle Lebendigkeit Ihrer Darstellung, die den Dramatiker von Geblüt zeigt, rühmen. Hoch interessant ist Ihre Gleichsetzung des Nithart mit Grünewald. Warum sollte er es nicht wirklich gewesen sein!
In nachbarlicher Verbundenheit
                                              Ihr
Friedrich Franz von Unruh
Merzhausen bei Freiburg i. Br., 18.10.1967





E summertrauim (e Màrlegschicht) a été publié par l’auteur en 1966. L’auteur a écrit que cette pièce retrace sa propre histoire poétique et transpose ses propres déboires…
« Ein Märchenspiel, das nach meiner Meinung die Zuschauer belustigen sollte, wie ich mich selber amüsierte, als ich es machte… » (Lettre à Raymond Buchert, 31 mai 1966)
« Mon frère pense que le Summertrauim est trop intellectuel pour les enfants. Certes, les symboles ne sont pas pour eux. Mais qu’on écarte ces symboles, qu’on remplace les personnages Imagination, Réalité, Raison, par une fée, une sorcière et un sorcier quelconques, on reconnaîtra les deux principaux antagonistes de bien des contes. Il y a suffisamment de vie sur la scène pour intéresser les enfants, même s’ils ne comprennent pas tout… » (Lettre à M. Schmidt, du Théâtre Alsacien de Mulhouse, le 3 juin 1966)



 

NOTE SUR LA GRAPHIE UTILISÉE
 
 
Depuis qu'Emile STORCK a écrit sa pièce, a été mise en place et s'est progressivement imposée ces dernières années une graphie alsacienne homogénéisée, l'"Orthal", qui se propose de suivre autant que possible celle de l'allemand standard. Emile STORCK, germaniste, avait également suivi ce principe dans ces grandes lignes. Cependant, en présence des deux prononciations possibles de la lettre "a", il avait opté – ainsi que le poète Nathan KATZ – pour les graphies "a" pour [a] fermé (proche du français "an" (dans, dent) sans nasalisation) et "à" pour [a] ouvert ; la graphie "Orthal" fait l'exact inverse.

Il nous a semblé nécessaire, pour ne pas semer la confusion, surtout auprès des apprenants, d'intervertir les deux graphies.

Par ailleurs, la graphie "i" employée par l'auteur peut correspondre à [i], mais, selon le cas, également à [é] : pour les distinguer, le système Orthal a imaginé d'utiliser un "ì" ("ì" avec accent grave) pour le second. Nous avons distingué ainsi les deux variantes sonores de la lettre en question dans le texte, sauf dans les répliques attribuées aux personnages bâlois ou suisses : le 3è lansquenet (3. Làndsknacht), la femme aubergiste (Wìrtene), Holbein (Holbei) et la tzigane (Ziginre), choix dicté par la prudence et dans l'ignorance de ce que Emile STORCK pouvait avoir dans l'oreille (ce qui ne signifie pas que parmi les "i" de ces répliques, certains ne soient pas pour autant à être prononcés [é].

Les graphies "a" et "à" ont toutefois été également substituées pour les personnages cités, dans la mesure où il est fort probable que l'auteur ait été attentif à ne pas laisser subsister d’ambiguïtés à leur sujet.
Nous avons également substitué à la graphie "e"(pour [è]) celle de "ä" quand elle correspond à une voyelle avec "umlaut" en allemand standard.
Daniel Muringer
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Rien de concerté au départ, mais au fur et à mesure des apports différents ont abouti à ce singulier ouvrage d’apparence un peu hétéroclite, qui comprend avec des annexes une étude historique sur la Guerre des Paysans en 1525 dans le sud de l’Alsace et une pièce de théâtre du poète Emile Storck, qui a pour toile de fond la même période et le même espace. Ainsi avons-nous la possibilité de comparer directement, dans un même volume, des faits et des personnages, tels que l’historien peut les connaître et les expose, et ce qu’un poète dramaturge en a retenu, ce qui l’a inspiré et ce qu’il a librement inventé.

L’histoire éclaire la littérature, mais aussi la littérature éclaire l’histoire, nous y fait pénétrer et la rend vivante. Elle la complète, pourrait-on dire, en enrichit la compréhension, en imaginant des variantes, en actualisant, par des expériences de pensée, certaines virtualités. C’est un jeu. Voici ce qui aurait pu arriver et qui n’est pas moins rationnel, cohérent, que la réalité advenue. Si le Mathis Nithart d’Eschentzwiller, dont nous savons qu’il fut un meneur de la Guerre des paysans dans sa région, et le Mathis Nithart peintre, surnommé plus tard Grünewald, auteur du Retable d’Issenheim, avaient été une seule et même personne, étaient un même personnage… ? Les droits de l’imagination sont imprescriptibles.

L’historien Michel Kremper s’est intéressé à Mathis Nithart, prévôt d’Eschentzwiller d’après ses recherches, parce qu’une enquête généalogique lui a fait découvrir que c’était un de ses lointains ancêtres. Il s’est alors lancé dans un travail de reconstitution de la Guerre des Paysans en cette contrée du Sundgau et, connaissant la littérature alsacienne, il a naturellement pensé se référer à la pièce d’Emile Storck portant ce même nom de Mathis Nithart.

Contacts avec le Cercle Emile Storck Kreis. Sa vice-présidente, Martine Blanché, professeur d’allemand, est l’auteur d’une thèse, L’œuvre dramatique d’Emile Storck ; elle y a étudié à fond cette pièce en particulier et tout son contexte historique. Elle s’engage à la traduire, avec son mari François, également germaniste. Une gageure. Personne n’y avait encore songé. Daniel Muringer, musicien, collecteur de poèmes et chants alsaciens, se propose de saisir le texte en Orthal. Voir sa notice sur la graphie. Du coup, la possibilité, qui était inespérée, s’offre d’une édition bilingue, ce qui est l’idéal et donne à l’ouvrage une valeur littéraire et pédagogique prometteuse. Voilà quelle a été la genèse d’un livre dont on ose attendre un regain d’intérêt pour l’un des plus grands, des plus purs, poètes alsaciens, pour son théâtre et, plus largement, le répertoire du théâtre alsacien dramatique si mal servi et connu.  We have a dream : voir la pièce sur scène, voir du théâtre vivant. Le théâtre vivant du peuple. Le théâtre d’un peuple vivant.
Michel Krempper, Mathis Nithart et la guerre des Paysans, 1525, chez Mulhousienne d’Edition, décembre 2019, 280 p. 20€.

L’originalité de l’ouvrage est de réunir dans un même volume deux livres : une analyse historique de la dernière séquence de la Guerre des Paysans sur les terres du Sundgau et, en édition bilingue, la pièce dramatique d’Emile Storck, Mathis Nithart, e Kinschtler im Bürekrieg (1966). Le récit historique et la fiction théâtrale s’éclairent ici mutuellement.
Sur cet épisode de la Guerre des Paysans, vu par l’historien M. Krempper et par le poète E. Storck, lire l’article en pdf ci-dessous.

A l’appui, 2 citations de l’historien Georges Bischoff (natif de Guebwiller), tirées de son livre majeur Le guerre des Paysans / L’Alsace et la révolution du Bundschuh 1493-1525, éd. La Nuée Bleue, 2010.
Page 9 : « La guerre des Paysans en Alsace n’a pas d’équivalent dans l’histoire de l’Europe. » Page 454 : « La guerre des Paysans est un moment d’histoire que l’Alsace partage avec ses voisines d’outre-Rhin, du Palatinat ou de la Lorraine sarroise. Certes. Mais, comme on l’a montré, elle y occupe une position centrale, au sens organique de ce terme, et cela suffit à lui reconnaître une personnalité irréductible. »

La guerre des Paysans, Mathis Nithart - l'ami hebdo 26/07/2020
La guerre des Paysans, Mathis Nithart l'ami hebdo 02/08/2020
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Jérôme Do Bentzinger Editeur, Colmar, 2019. 268 pages. Texte de la thèse de doctorat soutenue en 1995 à l’université des sciences humaines de Strasbourg, sous la direction d’Adrien Finck.