Die Parapligasse in Guebwiller - 's Bàràbligassle z' Gawiller
Vor vielen Jahren lebte in Gebweiler ein armer Mann den man nur den Làppi“ nannte. Woher er zugewandert war, wusste keiner, denn er selbst sprach nie davon. Er lebte von der Menschen Wohltätigkeit und war ein guter Mann, nur ein sonderbarer Kauz: nie ging er ins Städtchen ohne seinen Schirm, auf elsässisch Bàràbli“, nie legte er sich abends zur Ruh ohne seinen treuen Begleiter. So kam es, dass man ich bald den "Làppi mit'm Bàràbli“ hieß. 's Bàràbligassle Eines Tages fand man ihn tot in seinem ärmlichen Stübchen; einsam war er gestorben. Gute Nachbarn hielten die Totenwache. Da geschah es, dass plötzlich ans Fenster gerüttelt wurde. Ängstlich schauten die Betenden auf. O Graus! Ins Gemach grinsten vier bockartige Teufel. Und schon flog das Fenster in Splitter, Schwefeldampf nahm den Zitternden den Atem, und eine Stimme hörten sie: Umsonst ist euer Gebet. Unser ist der Làppi. Morgen um die neunte Stunde holen wir ihn ins Höllenloch unterm Heissenstein!“ Bebend enteilten die Nachbarn, rannten zum Leutpriester nach Sankt Leodegar1, ihm zu melden, was sie gesehen und gehört hatten. Als andern Morgens der Làppi“ begraben werden sollte, da kamen vier Teufel mit dem Sarg des Wegs. Doch der Priester gebot ihnen im Namen Gottes stille zu stehen. Also geschah es. Und der Priester nahm das Wort und sprach: Euer ist der Làppi“ nicht. War ein Sonderling bös aber nicht. Und jeden Donnerstag, wenn abends Armenseeleglocke erklang, kniete er in Sankt Leodegar und bat die Gottesmutter und Sankt Valentin um ihren Schutz in seinem letzten Stündlein. Zurück drum mit euch in euer Reich!“ Da werfen die Teufel den Sarg hin und verschwanden in einer Wolke von Schwefeldampf. Als man aber hinsah, war der Sarg leer. Nur das Bàrabli“ lag darin. Da beschloss man diesen zu verbrennen. Die Asche trug ein Bürger mit Namen Kittry auf den Untelinger und zerstreute sie auf dessen Hang. Wo war aber Làppis“ Leichnam? Wochen vergingen und Monate. Da, als einst der Leutpriester in Sankt Leodegar kniete, ward um ihn ein blendender Glanz. Und er hörte eine Stimme: Fürchte dich nicht! Als die Bösen den Leichnam Làppis“ holen wollten, habe ich ihn zu mir genommen und ihnen seinen Schirm gelassen. Denn nicht umsonst war sein Bittflehen gewesen“ Noch heute trägt eine Gasse in Gebweiler im Volksmund den Namen Bàràbligassle2“. Auf den Hängen des Unterlingers aber, auf dem Kittry3 die Asche zerstreut hatte, wächst jetzt der Kitterle. Und wenn er zuweilen dem einem oder andern ein Spüklein spielt, so ist es die Rache der schwarzen Gesellen, die vor vielen, vielen Jahren sich mit Làppis Bàràbli begnügen mussten.
1 le curé de léglise Saint-Léger
2 rue de la Madelon
3 Kittry : Diminutif de Kitterle, ce Guebwillerois, aurait jadis exploité sa vigne sur les pentes du Unterlinger, aujourdhui son nom est synonyme de Grand-Cru. Die Sagen des Elsass, zweiter Band - Paul STINZI - COLMAR Société d' Édition Alsatia 1929
in Bulletin Storck 2008
Roger Kech, d'r Kach Roschi vu Schweighüsa, membre et poète à ses heures a commis une petite ode en l'honneur de l'un des nombreux personnages de légende qui habitent notre vallée fleurie : D'r Sìlwerkenig, d'r Mikerle
D'r Sìlwerkenig ìm Lauchatàl!
Gànz hìnta, ìm wunderbara ewera Lauchatàl ,
Steht zitter johra a einsahm Gfàllanadankmàl;
D' Lauichaschlucht wìrd ìmmer anger, oh schreck;
D' Felsawànd ìsch vu Wàsser un Moos bedeckt,
Tiaf unta sìngt d' Lauich ìhra andlosa Liad,
Un lost ewer Felsa si Wàsser; klàr oder triab.
Am ewerschta Teil, hoch uf d'r Felsawànd
Gseht ma nur noch a Huch vum Edelstànd,
Denn vu d'r machtig Hüsaburg bliewa nur noch Ruina;
Einersitz d' Lauich, d' ànder Sitt d'r Seebach wun fliesa!
Viel, viel Johra vor d'r Hüsaburg un ìhrni Rìtter,
Ìsch's bi Sunna; Wìnd; Raga oder heftiga Gwìtter,
Hàtt do Glabt a Volk vu Zwarga un Geischter,
Erscht d'r no sìn d' Bsìtzer vu d'r Burg gseh Meischter.
Mikerle hàtt so a Zwargaprìnz gheißa,
Wun hàt gherrscht ewer Wàld un Wiesa .
Warend da kàlta un lànga Wìnter, ganz unta
Hàtt ar ìn d'r Lauichaschlucht sini Herrschaft gfunda ,
Sinna Krona ìsch gmàcht gse üs sìlweriga Nodla
Wen ar sìch zeigt hàtt an dam grüsliga Làichastreßla
So hàt m'r sìch ìn forgstellt, da Prìnz
In sinem pràchtiga un zwìtzeriga Wìnterglanz!
Doch d'r no ìsch Tochter vum Schlossherr, im Friaijohr,
Ìn's Tàl mìt ìhrna wunderschena glockta goldiga Hoor.
Machtild von Hüs ìsch gseh ìhra zuckeriga Nàmma
Schen un làwandig mìt ìhrem zuckenda Làcha
Zum Vehangnis fìr d'r Sìlwerprìnz ìsch Sie wora
Den sinna Krona ìsch schnall un tàpfer verloffa!
In d'r Wìnterzit gseht ma noch hìtta
Wia Orgelpfiffa die Iszapffa hancka
Nur d'r Mikerle, d'r Sìlwerkenig üs'm Lauchatàl
Da ìsch werschwunda, 's bliebt nur noch 's Gfàllanadankmàl.
( Gschrìwa noh d'r Leganda " DER SILBERKOENIG IM LAUCHTAL ") Roger Kech
N.B. nous respectons la graphie de l'auteur
Mais qui est ce Mikerle, ce roi d'argent ? D'abord établi sur les pentes du Grand Ballon, Mikerle règnera un temps entre le Klintzkopf et la Husenbourg puis accompagnera les mineurs du Demberg, de Schweighouse. Nul ne sait où il est aujourdhui. Notre lutin est l'un des personnages de nos légendes florivaliennes à l'instar du lièvre tripède, du dragon du Lindloch, de la vache errante du Hofried, du lutin de la Rolle, des occupants du lac du Ballon : une vache, un chariot d'or, une truite géante et bien dautres.
« C'est un lutin qui a nom Mikerle, diminutif de mieke, mot qui s'emploie familièrement pour une chatte, comme qui dirait minou. Au milieu d'une vaste clairière aux environs du Freundstein (d'r Frìndstei), au-dessus de Goldbach, se voit une ferme bien exposée au soleil, bien abritée contre la bise. Cest le Kohlschlag. Cette ferme est habitée en toute saison, et comme les autres, elle était hantée au bon temps jadis par un lutin. Cétait du reste un lutin fort gentil, quand il voulait l'être, et avec cela gracieux et mignon, bien que doté par derrière d'une certaine éminence peu gracieuse et peu mignonne, mais qui ne semblait que le rendre plus spirituel encore, tellement il en savait tirer parti. Mikerle, c'est ainsi qu'on l'appelait, vivait avec les gens de la ferme sur le pied de la plus grande familiarité, et le dimanche, quand on se rendait à la paroisse pour assister à l'office, notre lutin était toujours de la partie, mais on ne put le décider à s'approcher de l'église, il s'arrêtait même à la première maison du village, et attendait le retour des autres, pour s'en revenir avec eux. Malheureusement, Mikerle avait aussi, comme tout autre génie, son petit grain de folie, ses fantaisies, ses caprices, ses lubies. Son plus grand plaisir, par exemple, quand on était aux regains (1) (Ahmd) et que les veillottes (2) était formées, c'était d'aller le soir, comme un tourbillon, les disperser au loin sur toute la montagne, ce qui n'amusait le fermier que tout juste, lorsqu'en revenant le matin, il ne retrouvait plus ses veillottes. Mais voici qui n'était guère plus amusant pour la fille, Marie ('s Kohlschlàgmarikala). Celle-ci avait-elle employé toutes ses veillées d'hiver à se confectionner une robe neuve, quand le jour de fête était enfin arrivé où elle comptait mettre sa robe, elle n'en trouvait plus dans son armoire, le matin en se levant, que fil et lambeaux (Fàde un Fatze). Mikerle pendant la nuit avait pénétré dans sa chambre et lui avait mis sa robe, cette belle robe neuve qui avait coûté tant de peine, toute en charpie ! Cétait à n'y plus tenir. Aussi la pauvre fille s'en plaignit-elle amèrement lorsque Hans, le fils du fermier de la Goldematt (dr Goldamàtthàns), vint lui faire sa visite. Le jeune homme chercha à la consoler, lui promettant qu'il saurait bien trouver le moyen de la débarrasser de ce méchant lutin.
Le dimanche suivant, en sortant de léglise, Hans alla chercher et ramasser un os sur la terre bénite du cimetière, puis sans remonter à la Goldematt il se rendit directement au Kohlschlag, où il eut soin de déposer l'os dans un coin de la ferme, et à partir de ce jour-là on ne vit, on n'entendit plus de Mikerle au Kohlschlag. »
Ainsi le Kohlschlag fut privé des frasques du Mikerle qui alla s'établir dans les forêts mystérieuses du Haut-Florival: « Ecoutez le murmure du Seebach qui en amont de ces rochers féeriques s'unit à la Lauch dont les petites cascades vous racontent également la légende.
Un nain habitait jadis les forêts mystérieuses et solitaires de la haute vallée de la Lauch. Il sappelait Mikerle et il faisait partie du peuple de nains qui gardait autrefois les fermes isolées de 'lOberlauchen et du Mordfeld quand les marcaires les quittaient après la Saint-Michel. Le corps de Mikerlé était argenté ; tout petit quil fût, Mikerle régnait sur les animaux de la forêt. Ils l'avaient choisi pour roi. Les ours du Klintzkopf le protégeaient, la biche du Schmelsrunz lui offrait à boire et Mikerle aimait sauter avec les truites à travers les rochers du Seebach et de la Lauch. Mikerle était le bon génie de la haute vallée. Il protégeait les quelques habitants du haut Florival qui avaient déboisé par çi par là le pays et qui avaient établi des prés verdoyants : c"étaient les premiers habitants de Sengern et de Linthal, du Hilsen et du Steinlebach. Mikerle habitait les pentes du Klintzkopf. Plus bas au château de la Husenburg vivait avec ses parents Mechtilde. Elle était svelte et belle, ses cheveux couleur d'or et de ses yeux rayonnait la douceur. Elle était la plus belle parmi les jeunes filles de la vallée. Par une belle journée ensoleillée, elle descendit du château vers la vallée et traversa le Seebach. Elle allait son chemin, Mikerle la vit et la salua. Mechtilde invita le nain à l'accompagner, qui sous le charme la suivit. Tant de beauté et de charme avaient ébloui notre bonhomme. Les oiseaux du haut des sapins l'appelèrent, ils lui conseillèrent de ne pas quitter son royaume des montagnes, ils le conjurèrent de ne pas descendre dans la vallée, mais il ne les écouta pas. Mikerle suivit Mechtilde qui dansait et courait. Soudain Mikerle se sentit fatigué, très fatigué. Son corps rapetissa et fondit sous les rayons de soleil, il se transforma en goutte deau. La belle se retourna, où était passé Mikerle ? Mais les animaux de la forêt pleuraient, parce que le bon génie de la montagne s'était évanoui pour toujours, et depuis les forêts du Klintzkopf restèrent abandonnées.
Chaque hiver, quand le froid s'est installé, dans un endroit que les habitants de la vallée appellent d Häll (l'enfer) la paroi rocheuse se pare dun rideau de glace, c'est la demeure hivernale de notre Mikerle, qui suivra à nouveau au printemps prochain la chevelure dorée de la belle Mechtilde, pour fondre damour.» Ainsi en compagnie de gouttes d'eau il descend la rivière jusqu'à Buhl où il quitte l"élément liquide pour redevenir le kobold qu'il est. «Mikerle règne alors sur un monde souterrain et plus particulièrement celui des mines du Demberg et de Schweighouse. Au printemps les mineurs attendaient son retour, l'hiver avait été long sans ses conseils avisés, plus d'un voulait abandonner la galerie, mais Mikerle qui connaissait tous les bons filons, indiquait la direction, la profondeur à laquelle il fallait continuer à creuser pour extraire le minerai qui alimentait les hauts-fourneaux de Saint-Amarin et de Giromagny. Tout allait pour le mieux dans le meilleur de ces mondes souterrains, jusqu'au jour ou notre rayonnante Mechtilde arrivait au pied du Hexenbuckel en dansant et en chantant. Elle l'appelle, « Mikerle, Mikerle ! » l'invite à la suivre vers Guebwiller. Notre lutin une fois de plus ne peut résister à cette sirène, il quitte, malgré les supplications des compagnons de sainte Barbe, le monde minéral et à peine a-t-il rejoint l'air libre le voilà qui fond à nouveau sous le soleil ardent. Il ne reste de lui qu'une pierre, un caillou. »
Toutes ces légendes ont gardé une certaine teinte mythique qu'il serait aisé de faire ressortir, si elle avait pu échapper au lecteur. Et d'abord on sait le rôle que joue le chat dans la mythologie allemande. Puis ce fait du lutin qui vient la nuit disperser le regain et mettre en pièces la robe neuve, ne rappelle-t-il pas l'histoire de la dame noire et la toile de Pénélope ? Il s'agit à l'instar du Pusterlé qui sévit sur les crêtes du Hofried des premiers vents d'automne, qui rappellent aux marcaires que la Saint-Michel approche.
Et ce jeune homme qui vient délivrer sa fiancée pour l'épouser en suite, remarquez bien quil s'appelle Jean, ce qui nous fait supposer que la fiancée devait s'appeler Marguerite. Bien plus, Hans descend du Pré dor, et sa fiancée habite à la charbonnière, deux noms tout trouvés pour symboliser le soleil du printemps et la terre captive du sombre hiver».
L'histoire de Mikerle se termine avec la fin d'exploitation des mines. Le modernisme industriel, l'évolution des pensées feront disparaître ces croyances que l'on relèguera au niveau du conte. C'est imagé par l'apparition d'une fille tellement belle que Mikerle en tombera amoureux, à tel point qu'il la suivra en dehors de ses chères forêts. Il en perdra tous pouvoir et finira en perles de larmes. C'est un conte qui prend ces racines dans l'imagerie populaire, et de ce fait, il en résulte une intemporalité liée à tous les événements qui sont liés à l'imagerie populaire.
le regain (1), all. die Grummet, als. d'Ahmd, all. die Mahd. (foin fauché)
la Veillotte (2), colchique, all. die Herbstzeitlose, als. d Herbschtzitlos
Sources :
Légendes du Florival Charles Braun 1866, éd. J.B Jung Guebwiller rééditer en 2001 chez Nolin avec préface de Francis Gueth, introduction et postface de Gérard Leser p.p. 196, 197, 198.
Journal l'Alsace 1959 texte de L.M. et photo Schwobthaler.
Le monde merveilleux et inquiétant des gnomes, nains, et lutins en Alsace" de Gérard LESER.