Vendredi 29 mars. Soirée à la Bibliothèque de Lautenbach-Schweighouse, dans le cadre de E Frieihjohr fir unsri Sproch. Sur le thème de l’humour.
Car c’est dans l’humour que le dialecte alsacien, semble-t-il, survit le mieux et se montre toujours (encore) créatif. Nous distinguons trois veines.
- Veine populaire : les Witzknüpa (sac à blagues). Roger Kech (+ accordéon), Christine (merveilleuse conteuse) et Philippe. Blagues surréalistes et jeux de mots.
- Veine satirique, critique des travers de la société et de la nature humaine : Edgar Zeidler (Andzitt, Wàckelkontàkt, Googelhopf). Exemple :
Elsässisches Pàràdies Im Elsässer Eck / hoch im Pàràdies / gibt’s ken Staub, ken Dreck, / nümme Putzgenies.
- Fantaisie, Dichtung. Jeu de rimes. Des exemples chez Emile Storck, de réputation plutôt austère pourtant. Mais l’immortel Starculfus :
Der Kaiser Carol macht e Rundreis an Rhi.
Er wottig garn wisse wels às
die Gegend isch mit em beschte Wi.
Un so kummt er oi in’s Elsàss.
Printemps pour les poètes
Pourquoi Emile Storck, Georges Zink et Claude Vigée ?
Le dossier du n° 10 de Peut-être (2019), revue poétique et philosophique de l’association des amis de l’œuvre de Claude Vigée, dirigée par Madame Anne Mounic, présente (pp. 47 à 90) une étude intitulée « Bilinguisme et expression dialectale dans la poésie alsacienne ». Il a été composé par mes soins et propose également les contributions des professeurs M. Helmut Pillau et M. Jean-Paul Sorg.
Il s’agissait d’analyser le choix d’écriture des auteurs Maxime Alexandre, Emile Storck et Georges Zink. Ces deux derniers,qui ont déjà fait l’objet de mes recherches et travaux universitaires approfondis, ont délibérément choisi (comme Nathan Katz par ailleurs) d’écrire en alsacien. Cette génération d’auteurs « classiques »a ainsi réussi, à travers des formes traditionnelles, à évoquer les thèmes les plus universels en élevant le dialecte au rang de véritable outil de création littéraire et en ouvrant par là-même la voix aux écrivains dialectaux contemporains engagés.
La rencontre lors de l’assemblée générale du Cercle (17 novembre 2018) de Monsieur Daniel Storck, neveu d’Emile Storck et de Madame Alice Bingert, filleule de Georges Zink et cousine de l’académicien Michel Zink, aura aussi été le signe d’un trait d’union manifeste entre ces grands écrivains, qui, à l’instar de Claude Vigée, vivifient notre culture et langue régionales.
Martine Blanché
Mme Martine Blanché, vice-présidente du Cercle Emile Storck, est l’auteure d’un mémoire de maîtrise d’allemand (dialectologie), intitulé « Le lyrisme de Georges Zink » (université de Strasbourg, 1988). Elle a consacré sa thèse de doctorat à « L’œuvre dramatique d’Emile Storck » (université de Strasbourg, 1997).
Le Cercle Emile Storck remercie Mme Anne Mounic de nous avoir aimablement autorisés à reproduire ici les trois textes qui ont paru dans le n° 10 de la revue Peut-être(2019) qu’elle dirige.
Toteklag
Mir arme tote Wàse
mir warte untrem tiefe Grund
verlore un vergasse
uf
d’Allerseelestund.
Scho Eins mit
Stauib un Arde
sin mir mit unsrem
Tod allei.
Uf unsre kalte
Gàrte
steht nur e Kritz
üs Stei.
Mir kenne uns nim
bsinne
uf die wun uns so
lieb gsi sin.
Mir sin wie tiefi
Brinne
im schwàre Bode
drin.
Wenn si als züe uns
kumme,
no spire mir
Spazieregeh
um unsri Greewer
ume,
un dumpf macht uns
das weh.
Si hàn fir unsri
Seele
e Vaterunser oder
zwei,
si bàtte un verzehle,
es isch fascht
einerlei.
No gehn si wider
heime.
Der Wind blost
unsri Kerze üs.
E Kitzle hilt
eneime
still uf’me
Totehüs.
O gàn doch in uns
Arme
nur dann et wann e
Auigeblick,
e Hàrzschlàg nur, e
warme
vu eirem Làwesglick
!
Emile Storck
Melodie uf der Panfleet